La rafle du Vel’ d’Hiv’[1] – Qui peut oublier ?…
« Ce 16 juillet 1942, à Paris, 27.388 personnes se trouvaient en danger de mort.
Leurs noms, depuis des mois, figuraient dans un vaste et complexe fichier de la Police française, tenu à jour depuis le début de l’occupation de la capitale, et classés alphabétiquement, par professions et, ce qui était encore plus important pour les heures qui allait suivre, par quartiers, et rues par rues, d’immeuble en immeuble. 9.000 policiers français, sur l’ordre de la Gestapo et du Haut-Commandement des SS, se préparaient à entrer en action. La contribution des 9.000 policiers français était capitale. C’était une véritable mobilisation : toutes les permissions avaient été suspendues et chacun des 9.000 savait que, jusqu’au lever du jour suivant, aucun ne devrait espérer rentrer chez lui. Les 888 équipes étaient sur les dents et la chaleur caniculaire qui régnait depuis deux jours n’arrangeait rien.
Soudain, réveillée en sursaut, Mme Nussbaum se dressa dans son lit. Il faisait nuit noire et cependant, la rue semblait pleine de rumeurs, de courses sur les trottoirs, d’appels étouffés, de coups de frein de véhicules. Ida Nussbaum appela sa compagne, mais au même instant, la porte du palier s’ébranla de coups de poings :
« Ouvrez, police ! » Il était 4 heures du matin, l’Opération Vent printanier venait de commencer.
A Bordeaux, à Tours, à Dijon, à Rennes, à Nantes, à Saint-Malo, dans dix, vingt autres villes françaises occupées par les Allemands, des individus de tous âges et de tous sexes, dont les noms mêmes – contenus dans les fichiers allemands et français – des Juifs étrangers de dix sept nationalités différentes, qui avaient cherché asile et refuge en France, tombèrent aux mains de leurs ennemis.
A Paris, le piège s’était refermé. Sous le ciel encore obscurci d’été, l’armada de véhicules, avec des visages effarés d’enfants collés aux vitres, déversait, de dix minutes en dix minutes, ses cargaisons humaines devant les hautes portes de l’énorme construction de fer et de béton, près de la Seine – le Vélodrome d’Hiver, le Vel’ d’Hiv’.
Quoiqu’il ne fût pas plus de 3 heures au soleil, l’Opération Vent printanier pouvait être considéré comme un succès. Centaines après centaines, ils arrivaient, affluant sans relâche par familles entières, poussés, harcelés, hébétés et piétinants, empêtrés dans leurs ballots et de mauvaises valises ficelées à la hâte, tenant leurs enfants par la main. En quelques heures tous avaient été parqués. Ils devaient être des milliers – d’enfants criant, de femmes gémissant et sanglotant, d’hommes jeunes ou vieux, hagards et refusant encore l’évidence. Mais d’autres, parvenus au terme de leur voyage au bout de la nuit, restaient prostrés, et les plus jeunes hommes surtout, encore pleins de sève et de force, serraient les poings de révolte, accablés d’impuissance et gonflés de rage. Ca et là, submergés par le flot humain, des nouveau-nés hurlaient de terreur, de soif et de faim.
[…] 4051 enfants et adolescents de moins de 16 ans passeront les portes d’Auschwitz ; il n’y aura aucun survivant. »
Un devoir de mémoire… et d’amour
En tant que chrétien, suis-je conscient de ce qu’a vécu le peuple juif durant la guerre, et suis-je conscient aussi de ce qu’il se bat aujourd’hui pour sa survie en Israël ? L’Eglise qui a failli, il y a 60 ans, faillira-t-elle encore ?…
– Eglise, réveille-toi, ouvre les yeux ! En refusant à Israël son élection et sa participation au royaume de Dieu, en niant sa vraie place dans le cœur de Dieu, c’est Dieu que tu touches, c’est Son honneur que tu blesses. Le Messie vient à Jérusalem pour redonner toute la gloire à Son peuple, et le replacer « à la tête des nations » (Ps.18 :43). Il se servira de lui comme instrument de réveil pour l’humanité tout entière. En « ce jour-là, dix hommes saisiront un Juif par le pan de son vêtement, et diront : nous irons avec toi, car nous avons appris que Dieu est avec vous. » (Zacharie 8 :23)
En considérant notre futur face à face avec le Seigneur, ayons aujourd’hui même la crainte que Dieu nous dise : « Qu’as-tu fait de ton frère, l’as-tu consolé, l’as-tu défendu et soutenu dans les épreuves ? ». Un illustre Juif a dit : « Toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères (pensons à Drancy, à Auschwitz et aux 6 millions de Juifs assassinés, dont près de 2 millions d’enfants), c’est à Moi que vous les avez faites. » (Matthieu 25 :40). Il ne sera pas bon de répondre, feignant l’ignorance : « Etais-je le gardien de mon frère ? »…
Pasteur Gérald Fruhinsholz,
le 15 juillet 03
[1] Tiré du livre de Claude Lévy et Paul Tillard – la grande Rafle du Vel’ d’Hiv’