Psaume 133

Dans les Psaumes‭, ‬les‭ ‬«cantiques»‭ ‬sont regroupés par thème‭. ‬Les cantiques des montées sont destinés aux fêtes de pèlerinage à Jérusalem‭. ‬Le Psaume 133‭ ‬est le quatorzième‭ ‬et avant-dernier d’un groupe de 15‭ ‬Psaumes‭, ‬depuis le Psaume 120‭ ‬au Psaume 134‭, ‬et‭ ‬chacun d’eux est intitulé‭ ‬Shir Hamma’alot‭  שִׁיר‭ ‬הַמַּעֲלוֹת‭, ‬«‭ ‬cantique des montées‭ ‬»‭. ‬Sur le plan littéraire‭, ‬on retrouve un procédé d’association d’idées‭, ‬de mots clefs et de champs thématiques‭,‬‭ ‬qui a une grande importance dans l’enchaînement des Psaumes‭. ‬Les Psaumes‭ ‬132‭, ‬133‭ ‬et 134‭ ‬partagent tous les 3‭, ‬des mots et des thèmes communs‭. ‬Aucun autre psaume des montées ne possède ces trois éléments‭. ‬Une nuance toutefois‭ : ‬14‭ ‬psaumes de la série commencent par‭ ‬«shiyr hamaalot»‭ ‬«Cantique‭ ‬les‭ ‬degrés»‭ ‬où le préfixe‭ ‬הַ‭ ‬Hé‭ (‬les‭) ‬est ici un article au féminin pluriel‭. ‬Le deuxième psaume‭, ‬le 121‭, ‬est le seul à commencer par‭ ‬«shiyr‭ ‬lammaalot»‭ ‬«Cantique‭ ‬en direction des‭ ‬degrés»‭, ‬«‭…‬pour les degrés»‭ ‬et où la lettre lamed‭ ‬לַ‭ ‬signifie‭ ‬«en direction‭ ‬des degrés»‭, ‬«à l’attention des degrés»‭, ‬«pour les degrés»‭).  ‬La raison est simple‭ : ‬on dirige nos regards vers les‭ ‬«degrés»‭, ‬les marches du Temple‭, ‬c’est-à-dire prophétiquement vers les‭ ‬«Montagnes»‭ ‬d’où nous viendra le secours‭.‬‭ ‬

Ici le Psaume insiste même sur le fait que ce n’est pas vers Dieu qu’on lève les yeux ici mais vers les‭ ‬«Montagnes»‭, ‬vers ce qui est élevé‭, ‬vers les Cieux où est assis l’Eternel‭. ‬On doit lever les yeux sur ce qui est élevé et sur ce qui est esprit et vie et non sur ce qui est charnel et vain‭. ‬

א‭ ‬שִׁיר‭, ‬הַמַּעֲלוֹת‭:‬אֶל‭-‬יְהוָה‭, ‬בַּצָּרָתָה‭ ‬לִּי‭– ‬קָרָאתִי‭, ‬וַיַּעֲנֵנִי‭ ‬

Cantique des degrés‭. ‬Vers l’Eternel j’ai crié dans ma détresse‭, ‬et il m’a exaucé‭.‬

Psaume 120

א‭ ‬שִׁיר‭, ‬לַמַּעֲלוֹת‭:‬אֶשָּׂא‭ ‬עֵינַי‭, ‬אֶל‭-‬הֶהָרִים‭– ‬מֵאַיִן‭, ‬יָבֹא‭ ‬עֶזְרִי‭ ‬

Cantique des degrés‭. ‬Je lève les yeux vers les montagnes‭, ‬pour voir d’où me viendra le secours

Psaume 121

א‭ ‬שִׁיר‭ ‬הַמַּעֲלוֹת‭, ‬לְדָוִד‭:‬שָׂמַחְתִּי‭, ‬בְּאֹמְרִים‭ ‬לִי‭– ‬בֵּית‭ ‬יְהוָה‭ ‬נֵלֵךְ

Cantique des degrés‭. ‬De David‭. ‬Je suis dans la joie quand on me dit‭: ‬«Nous irons dans la maison de l’Eternel‭.‬

Psaume 122

א‭ ‬שִׁיר‭, ‬הַמַּעֲלוֹת‭:‬אֵלֶיךָ‭, ‬נָשָׂאתִי‭ ‬אֶת‭-‬עֵינַי‭– ‬הַיֹּשְׁבִי‭, ‬בַּשָּׁמָיִם

Cantique des degrés‭. ‬Vers toi j’élève mes regards‭, ‬ô toi qui résides dans les cieux‭!‬

Psaume 123

‭…/… ‬א‭ ‬שִׁיר‭, ‬הַמַּעֲלוֹת

Psaume 124‭ ‬

et ssv

א‭ ‬שִׁיר‭, ‬הַמַּעֲלוֹת‭ ‬‭:‬הִנֵּה‭ ‬בָּרְכוּ‭ ‬אֶת‭-‬יְהוָה‭, ‬כָּל‭-‬עַבְדֵי‭ ‬יְהוָה‭–‬הָעֹמְדִים‭ ‬בְּבֵית‭-‬יְהוָה‭, ‬בַּלֵּילוֹת

1‭ ‬Cantique des degrés‭. ‬Allons‭! ‬bénissez l’Eternel‭, ‬vous tous‭, ‬serviteurs de l’Eternel‭, ‬qui vous tenez dans la maison du Seigneur durant les nuits‭.‬

Psaume 134

Ces trois Psaumes se trouvent‭ ‬«‭ ‬unis ensemble‭ ‬»‭ ‬comme les‭ ‬«‭ ‬frères‭ ‬»‭ ‬du Psaume 133‭.‬

1‭.‬‭ ‬Un élément qui les unit tous c’est‭ ‬le ministère sacerdotal‭ : ‬prêtres‭ (‬132:9‭, ‬16‭); ‬serviteurs‭ (‬avadim‭) ‬officiant‭ (‬omdim‭) ‬dans le temple‭ (‬134:1‭); ‬Aaron‭, ‬l’archétype de tous les Lévites-prêtres‭, ‬le père de tous les prêtres-frères qui lui succéderaient‭ (‬133:2‭).‬

2‭.‬‭ ‬La mention de‭ ‬Sion‭ (‬132:14‭; ‬133:3‭; ‬134:3‭).‬

3‭.‬‭ ‬Les termes‭ ‬bénir‭ ‬ou‭ ‬bénédiction en liaison avec Sion‭, ‬d’où‭ ‬Dieu bénit son peuple‭ ‬‭(‬132:15‭; ‬133:3‭; ‬134:1‭, ‬2‭, ‬3‭). ‬Chaque livre du Psautier se termine par une doxologie‭, ‬la première par exemple‭: ‬«‭ ‬Béni soit le Seigneur‭, ‬Dieu d’Israël depuis toujours et pour toujours‭, ‬Amen‭, ‬Amen‭. ‬‮ ‬»‭ (‬41:14‭)‬

Les similitudes entre ces trois Psaumes soulignent l’importance du ministère sacerdotal et son rôle de médiation de la bénédiction divine‭; ‬dans le Psaume 133‭, ‬la bénédiction de la vie à jamais‭.‬

A l’intérieur de ce Psaume‭, ‬plusieurs procédés littéraires mettent en évidence que l’expérience des frères au verset 1‭ ‬et la bénédiction au verset 3‭ ‬sont étroitement liées l’une à l’autre‭. ‬Les similitudes sémantiques‭, ‬sonores et syntaxiques nous invitent à lire ces deux lignes parallèles comme se faisant écho‭ ‬l’une à l’autre5‭. ‬L’unité des frères a trait à la grâce de la vie pour toujours‭.‬

A l’intérieur de ce cadre‭, ‬deux images sont dévoilées‭: ‬«‭ ‬huile‭ ‬»‭ ‬et‭ ‬«‭ ‬rosée‭ ‬»‭. ‬Ces deux symboles sont les sujets du même verbe‭. ‬La triple répétition de ce verbe‭ ‬«‭ ‬descendre‭ ‬»‭ ‬crée un mouvement allant de haut en bas‭. ‬D’abord‭, ‬c’est l’huile qui descend de la tête d’Aaron vers sa robe en passant par sa barbe‭, ‬et puis la rosée qui descend du mont Hermon au nord jusqu’aux montagnes de Sion au sud‭.‬

Cette emphase sur la‭ ‬«‭ ‬descente‭ ‬»‭ ‬des symboles souligne le fait que la symbolisée‭, ‬en l’occurrence l’unité de ces frères dans la bénédiction de la vie à jamais‭, ‬ne vient que d’en haut‭. ‬C’est une grâce et non pas un dû‭. ‬Ce mouvement descendant conduit à la conclusion‭. ‬Ce qui unit ces frères est une bénédiction commune‭. ‬Ils sont frères‭, ‬dans un premier temps‭, ‬parce qu’ils sont bénéficiaires du même héritage‭: ‬la vie à jamais‭.‬

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