46 Ekev (récompense) עֵקֶב
Deutéronome 7:12 – 11:25
Le peuple hébreu, dans sa grande majorité, est mort dans le désert parce qu’il voulait revenir en Egypte et y retrouver les «oignons d’Égypte» et la vie d’esclaves. Dans le Livre du Deutéronome, Moïse est en train de parler à une nouvelle génération qui n’a connu ni la sortie d’Égypte ni l’événement à Horeb, ni la révélation du Sinaï (Deut. 2:14-16). C’est l’une des raisons pour laquelle, et on l’a vu lors des 2 parashot précédentes, on va trouver ici des répétitions des diverses lois et c’est pour ça qu’il est appelé le «mishné Torah», la «répétition de la Torah». Dans ce Livre, Dieu ne va plus s’adresser au peuple au travers d’un intermédiaire, c’est-à-dire de Moïse mais Dieu s’adresse directement au peuple. En effet, nous sommes ici en présence du «peuple de la Parole», du «peuple du témoignage», Adat Israël (du mot edah). Lorsque le peuple était encore «Am Israël» (peuple obscur), Dieu parlait à Moïse. Aujourd’hui, à notre époque, nous sommes des êtres qui allons aussi évoluer de cette façon. D’abord nous nous convertissons et dans notre nouvelle vie, Dieu va nous garder dans sa main grâce à des exaucements, des prodiges, des miracles, des songes ou des visions. Le temps s’étant écoulé et, à la veille de rentrer «dans la promesse» (on compare le fait pour les hébreux de rentrer en «terre promise» après 40 ans dans le désert et, pour nous aujourd’hui le fait d’accéder au salut), ce peuple est devenu un peuple de la Parole, un peuple qui apprend à faire confiance en Dieu. La Parole qui va être répétée sera la même mais l’auditeur sera différent.
Cette Parole sera écoutée par un autre peuple que le premier : un peuple nouveau né. Le texte commence ainsi :
«Si (en conséquence de quoi), vous écoutez ces ordonnances, si vous les observez et les mettez en pratique, l’Éternel, ton Dieu, gardera envers toi l’alliance et la miséricorde qu’il a jurées à tes pères.» (Deut. 7.12)
Eqev עֵקֶב « en conséquence », «si», c’est une condition écouter, observer et mettre en pratique les ordonnances. On sait d’avance que l’application stricto sensu de la LOI est impossible et que sans du sang versé expiatoire il ne peut y avoir de pardon divin. Yeshoua nous sera envoyé du ciel pour l’accomplir lui-même à notre place.
Après avoir commencé en Deut. 6.4 à expliquer le Shema au peuple, avec toutes ces lois, Moïse continue de parler : en conséquence de leur fidélité, Dieu bénira Israël. Moïse rappelle les bienfaits dont ils ont bénéficié, à savoir la sortie d’Égypte, la manne, la fertilité de la terre promise aux enfants d’Israël ; il met en garde le peuple contre la tentation d’oublier, en jouissant de cette abondance, Celui qui en est la source, et de se l’attribuer par sa force ou son mérite.
Que le peuple ne s’imagine pas davantage avoir vaincu les Cananéens par son mérite : c’est au contraire pour leur démérite qu’ils paient et il en serait de même pour Israël s’il fautait.
Moïse rappelle à cette occasion la faute du veau d’or, le pardon qu’il leur a obtenu, les deuxièmes tables de la Loi, l’élection des Lévites et l’obligation de justice et d’amour de l’étranger.
Il leur annonce enfin la terre où coulent le lait et le miel, et leur enjoint d’aimer Dieu.
Si Dieu a laissé le libre choix du bien ou du mal à Adam, Dieu pour sa part a Lui aussi fait un «choix» pour Lui-même : «Car tu es un peuple saint pour l’Éternel, ton Dieu; l’Éternel, ton Dieu, t’a choisi, pour que tu fusses un peuple qui lui appartînt entre tous les peuples qui sont sur la face de la terre.»
Préliminaires
La parasha Eqev עֵקֶב «à la suite de» qui débute Deutéronome 7.12 nous rappelle ce qui précède en Deutéronome 7:1-11 où Dieu déclare que son peuple est qadosh. Eqev signifie non seulement «en conséquence de quoi» mais ce mot est aussi traduit par «talon», ce qui nous amène directement à Jacob le supplanteur dont le nom tire sa racine de ce mot. Quand Dieu met sur un homme sa sainteté, (Deut. 7.6 « Car tu es un peuple saint pour l’Éternel, ton Dieu»), son côté charnel (le talon) va essayer humainement de prendre le dessus. Mais Dieu lit le cœur des hommes et voit si leur cœur est bien disposé ou corrompu.
Si on ajoute la lettre divine Yod à la racine Eqev on obtient un nouveau nom יַעֲקֹב ya-aqov qui vient de יַ + עֵקֶב . Le talon tire sa racine du verbe aqab עָקַב supplanter, retenir, saisir par le talon, tromper, circonvenir, prendre par le talon, assaillir insidieusement, duper.