La poussière de la terre
Lorsque Dieu a promis un fils à Abraham, Il l’a fait avec une promesse globale qui ne concernait pas seulement son fils mais qui allait bien au-delà de ce à quoi il pouvait s’attendre : une promesse pour une postérité multiple, celle des différentes familles que compose la terre.
Il y a plusieurs postérités dans les Ecritures. Genèse 3 :15 donne deux postérités, celle de la femme et celle du serpent. La Bible est truffée de références sur la postérité des fils d’Israël, postérité d’Adam et Eve, postérité de Noé, postérité de Jacob ou d’Esaü, celle de Levi ou du roi David, etc. Mais ce qui nous intéresse plus particulièrement c’est de connaître et de bien comprendre les postérités qui ont été explicitement promises par Dieu à Abraham sous ces trois formes. Nous avons l’habitude de lire la promesse d’un fils à Abraham et puis de nous arrêter là. Il est pourtant intéressant de voir les différents modes de lecture que nous propose la Bible en sondant les écritures et essayant d’en saisir les nuances.
Ce livre de la Genèse attribue à la descendance d’Abraham trois postérités :
1. la poussière de la terre,
2. le sable de la mer
3. les étoiles du ciel.
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Toutes trois sont données prioritairement à Abraham. Les trois représentent donc les fils d’Israël.
Parfois c’est la population d’Israël qui est aussi nombreuse que le sable de la mer. Parfois, Dieu compare son peuple à la poussière de la terre et parfois encore à d’autres moments aux étoiles du ciel.
Ces trois différentes postérités ainsi nommées sont les différents types de descendances, de caractères ou situations du peuple. L’hébreu contient des expressions comme par exemple « fils de » qui était relative non à une descendance filiale familiale mais plutôt à l’appartenance à un groupe de personnes, un groupe social, un groupe d’une tribu : « fils de David », « fils de la mariée », « fils du charpentier », « fils d’Israël », fils d’Amalek », etc.
Mais ces trois postérités ont aussi chacune une caractéristique particulière qu’il nous faut essayer de comprendre en relation avec les différentes catégories de descendances : terrestres et spirituelles.
La postérité
D’une manière générale, dans le Tenackh hébraïque, deux mots traduisent la « postérité » : zera et toledah.
a.) toledah תולדה
peut s’écrire de deux manières toledah תולדה ou toldah תלדה en terme de naissance, généalogie : c’est l’origine des eaux, la postérité, les générations, l’ordre des naissances, le premier-né, les fils, la généalogie.
Souvent certains mots hébreux où se trouvent un « O » s’écrivent de deux manières soit avec le « O » visible » soit invisible (un point). Ce « O » s’écrit avec une lettre qui signifie « le clou » (la lettre « vav »).
Ce mot n’est pas utilisé dans les promesses faites à Abraham. S’il l’était on y verrait immédiatement les deux descendances, celle du peuple d’Israël de chair (toldah sans la lettre vav ו) et celle du peuple racheté par le sacrifice à la croix toledah avec la lettre vav ו du clou).
Or ce n’est pas le cas.
Toledah ou toldah signifie « descendants », « résultats »,
1a) compte des hommes et de leurs descendants
1a1) liste généalogique de ses descendants
1a2) ses contemporains
1a3) le cours de l’histoire (la création etc.)
1b) postérité ou recensement des cieux (métaph.)
Ce mot vient de yalad ילד une racine primaire qui donne yeled-yeladim : enfant –enfants – de enfanter, engendrer, naissance, avoir, né, accoucher, faire, sage-femme, être issu, faire des petits, nouveau-né, femme en travail, fécondé, donner la vie, mettre bas, pondre, s’exécuter.
b.) zera זרע
signifie « semence, postérité, fils, enfant, race, semailles, descendants, famille, semer, ensemencer, graine, pollution, récolte, fleur, blé, plant, rejeton, fertile. L’hébreu ajoute « sperme », « postérité de qualité morale », « un praticien de la justice », « le temps des semailles ».
Ce mot zera vient d’une racine primaire zara זרע racine qui donne comme actions celles de semer, ensemencer, porter, jeter, planter, mettre, avoir des enfants, disperser.
Le semeur qui est à la source de la postérité, produit les descendants, si la terre est inculte, c’est qu’il éparpille la semence, les graines. Cette semence rend la femme enceinte.
Les promesses faites à Abraham en Genèse sont écrites avec le mot zera. La première de ces promesses est de donner un pays à sa postérité.
Genèse 12:7 « L’Eternel apparut à Abram, et dit: Je donnerai ce pays à ta postérité (zera). »
Avant de promettre à Abraham un fils et une postérité après lui, Dieu promet d’abord un pays pour l’y mener. C’est là que l’on voit se profiler à l’horizon, les projets « terrestres » de Dieu pour le peuple juif, celui qu’on nomme le « figuier » d’Israël.
1. La poussière de la terre
La terre avant la vie
La première postérité promise à Abraham est celle qui est représentée par la « poussière de la terre » :
(Genèse 13:16) « Je rendrai ta postérité comme la poussière de la terre, en sorte que, si quelqu’un peut compter la poussière de la terre, ta postérité aussi sera comptée. »
La poussière de la terre fait en quelque sorte référence à l’argile rouge dont parle Genèse 2 :7.
Avant qu’il n’y ait la vie, Dieu fit venir d’abord la poussière de la terre de laquelle Il va extraire la vie : « L’Eternel Dieu forma l’homme de la poussière de la terre (adamah : terre, partie visible du monde), il souffla dans ses narines un souffle de vie et l’homme devint un être vivant. »
L’être humain lui-même est par définition « poussière de la terre »
Dès le début de la création, Dieu avait instauré le shabbat. Celui-ci devait être célébré par après par le seul peuple juif Genèse 2:2-3 « Dieu acheva au septième jour son œuvre, qu’il avait faite: et il se reposa au septième jour de toute son œuvre, qu’il avait faite. 3 Dieu bénit le septième jour, et il le sanctifia, parce qu’en ce jour il se reposa de toute son œuvre qu’il avait créée en la faisant ».
On peut donc rattacher cette poussière prioritairement à Israël. La partie visible du monde spirituel est bien Israël dont l’âme est attachée à la terre.
La poussière se dit Aphar עפר poussière, poudre, mortier, cendre, terre, décombres, terreux, sol.
L’hébreu donne aussi « terre sèche », les « rebuts », les « débris » et le « minerai » qui sont d’autres liens de la poussière avec la nature. Le peuple juif, tel le figuier séché par Yeshoua a été « desséché » au profit des nations. Afin de pouvoir apporter les richesses au monde il a fallu qu’Israël soit traité comme un « minerai » dont on extrait la subsistance pour les nations.
Ce fait étonnant prouve de manière indubitable qu’Israël est bien bénédiction pour les nations. Tout ce qu’il a apporté au monde depuis la nuit des temps est un accomplissement prophétique du mot « aphar ».
Cette poussière vient d’une racine primaire du sens de pulvériser, être épousseté, faire voler (2 Samuel 16:13). La forme (Piel) donne épousseter, mettre en poudre, faire de la poussière.
Dans la lecture du sens des lettres on voit dans cette poussière « aphar » que le mot est « dominé » par le regard de Dieu (première lettre ayin ע), le centre étant la Face cachée de Dieu qui se révèle aux hommes, son Fils (la face פ) et qui annonce en fin de mot un nouveau commencement avec la « tête », le « commencement », le « chef » (la lettre reshר).
Une dispersion de la poussière de la terre
La poussière de la terre qui est citée en Genèse 28:14 et qui s’étendra sur toute la terre est l’image de la diaspora du peuple juif : la poussière de la terre est « pulvérisée, envolée » pour atteindre toutes les extrémités de la terre :
Genèse 28:14 « Ta postérité sera comme la poussière de la terre; tu t’étendras à l’occident et à l’orient, au septentrion et au midi; et toutes les familles de la terre seront bénies en toi et en ta postérité. »
Cette dispersion se fera par la verge de l’Eternel et aura des conséquences sur le monde des ténèbres : Exode 8:16 (8-12) « L’Eternel dit à Moïse: Dis à Aaron: Etends ta verge, et frappe la poussière de la terre. Elle se changera en poux, dans tout le pays d’Egypte ».
Les « poux » se disent KEN כן dans le sens d’accrocher, poux, mouches, moucheron, essaim de mouches ; la racine est KANAN כנן– et sont une des formes hébraïques de la vigne, l’arbre, le tronc. Les juifs qui font partie du figuier national d’Israël ne sont-ils pas frappés par Dieu dans un but : celui d’être envoyés en diaspora pour devenir la « vigne » messianique ! Rien à voir donc avec des poux.
Extraordinaire confirmation de la prophétie révélée dans l’histoire de Joseph où ses onze frères qui représentent Israël qui a rejeté Yeshoua sont envoyés par leur père Jacob en Egypte pour y ramener des vivres, pour y recevoir le salut.
à suivre…