Parasha Eqev
On l’a vu lors des 2 parashot précédentes, ce Livre du Deutéronome a ceci de particulier c’est qu’on y trouve des répétitions des diverses lois et c’est pour ça qu’il est appelé le «mishné Torah», la «répétition de la Torah». Dans ce Livre, Dieu ne va plus s’adresser au peuple au travers d’un intermédiaire, c’est-à-dire de Moïse mais Dieu s’adresse directement au peuple. En effet, nous sommes ici en présence du peuple de la Parole, du peuple du témoignage, Adat Israël. Lorsque le peuple était encore «Am Israël» (peuple obscur), Dieu parlait à un intermédiaire. Aujourd’hui, à notre époque, nous sommes des êtres qui allons aussi évoluer de cette façon. D’abord nous nous convertissons et dans notre nouvelle vie, Dieu va nous garder dans sa main grâce à des exaucements, des prodiges, des miracles, des songes ou des visions. Le temps s’étant écoulé et, à la veille de rentrer dans la promesse, ce peuple est devenu un peuple de la Parole, un peuple qui fait confiance en Dieu. La Parole qui va être répétée sera la même mais l’auditeur sera différent. Cette Parole sera écoutée par un autre peuple que le premier : un peuple nouveau né.
Le texte commence ainsi :
«Si (en conséquence de quoi), vous écoutez ces ordonnances, si vous les observez et les mettez en pratique, l’Eternel, ton Dieu, gardera envers toi l’alliance et la miséricorde qu’il a jurées à tes pères.» (Deut. 7:12)
Eqev עֵקֶב « en conséquence » est le second mot et premier distinctif de la parasha. C’est la 46e section hebdomadaire du cycle annuel de lecture de la Torah et la troisième du Livre du Deutéronome. Moïse continue de parler : en conséquence de leur fidélité, Dieu bénira Israël. Moïse rappelle les bienfaits dont ils ont bénéficié, à savoir la sortie d’Égypte, la manne, la fertilité de la terre promise aux enfants d’Israël ; il met en garde le peuple contre la tentation d’oublier, en jouissant de cette abondance, Celui qui en est la source, et de se l’attribuer par sa force ou son mérite. Que le peuple ne s’imagine pas davantage avoir vaincu les Cananéens par son mérite : c’est au contraire pour leur démérite qu’ils paient et il en serait de même pour Israël s’il fautait. Moïse rappelle à cette occasion la faute du veau d’or, le pardon qu’il leur a obtenu, les deuxièmes tables de la Loi, l’élection des Lévites et l’obligation de justice et d’amour de l’étranger. Il leur annonce enfin la terre où coulent le lait et le miel, et leur enjoint d’aimer Dieu.
Préliminaires
La parasha Eqev עֵקֶב «à la suite de» qui débute cette parasha signifie non seulement «en conséquence de quoi» mais ce mot est aussi traduit par «talon», ce qui nous amène directement à Jacob le supplanteur dont le nom tire sa racine de ce mot. Si on ajoute la lettre divine Yod à la racine Eqev on obtient un nouveau nom יַ + עֵקֶב Yaaqov (3290) יַעֲקֹב « celui qui prend par le talon » ou « qui supplante ». Le talon se dit 6119 aqeb עָקֵב (au masc) ou iqqebah עִקְּבָה (au féminin). Le talon tire sa racine du verbe aqab עָקַב supplanter, retenir, saisir par le talon, tromper, circonvenir, prendre par le talon, assaillir insidieusement, duper.
Le talon signifie «des traces», «des pas», «une embuscade». Le talon est situé à l’arrière, trace de pas, partie arrière, sabot, arrière-garde d’une troupe, un pas.
Ce mot donne aussi
6120 aqeb עָקֵב vient de 6117 dans son sens dénominatif adversaires Ps 49.6 : trompeur, qui supplante.
6121 aqob עָקֹב un adjectif qui vient de 6117 coteaux, tortueux, trace, trompeur, sournois, insidieux, glissant, tracé par les pas, raide, accidenté, montagneux.
6122 oqbah עָקְבָּה vient d’une forme venant de 6117 du sens de ruse, subtilité, manière insidieuse, astuce.
Le mot clef de cette parasha «eqev» est ici comme une sorte d’avertissement contre la tentation de ruser ou d’agir de manière détournée devant Dieu. Dieu a soutenu le peuple pendant 40 ans. Maintenant que le peuple va entrer en terre promise, qu’il va devenir indépendant avec tous les risques que cela comporte, Dieu le met en garde. Et Dieu montre aujourd’hui aux croyants de tous bords, ce qui risque de leur arriver s’ils dévient du Chemin droit et étroit qui était devant eux. C’est d’autant plus important que le peuple est aujourd’hui un peuple du témoignage. Ce que Dieu fait comme alliance avec ce peuple est du sérieux. Là on ne «blague plus», puisque Dieu nous fait confiance, puisque nous pouvons nous adresser directement à Lui en toute confiance, notre parole doit être assaisonnée de sel. Notre parole a de l’impact.
On verra d’ailleurs avec l’islam ou l’homosexualité que de plus de plus en plus de croyants tombent de la vraie foi. Imaginant être dans la vérité ils déraillent complètement de la Foi, eux qui courraient bien et qui ont été arrêtés dans leur élan Galates 5:7 «Vous couriez bien : qui vous a arrêtés, pour vous empêcher d’obéir à la vérité ?»
Le Livre du Deutéronome dans son ensemble est grandement apprécié par de nombreux exégètes car il est une répétition des lois et ordonnances qui ont déjà données précédemment et parce que ce Livre fait le bonheur des chercheurs et des biblistes. Le grand intérêt se situe évidemment dans les liens qui existent entre ces textes et les autres livres de la Torah. Cela implique évidemment un grand travail de comparaison dont le but est précisément de chercher ce que Dieu veut nous dire. Un des thèmes majeurs soulevés dans la parasha Eqev est le thème de la nourriture. La manne, le pain, et la nourriture en général sont des sujets qui seront comme des miroirs de la relation à Dieu. Le verset 3 du chapitre 8 va constituer le noyau de ce thème de la nourriture : «3 Il t’a humilié, il t’a fait souffrir de la faim, et il t’a nourri de la manne, que tu ne connaissais pas et que n’avaient pas connue tes pères, afin de t’apprendre que l’homme ne vit pas de pain seulement, mais que l’homme vit de tout ce qui sort de la bouche de l’Eternel.» (Deutéronome 8:3)
On a vu ce à quoi était relié la racine du mot eqev mais le mot lui-même 6118 eqeb עֵקֶב signifie : parce que, si, pour, par l’effet, jusqu’à la fin, puisque, conséquence, gain, récompense, fin, but, en conséquence, parce que, par conséquent, par l’effet, pour, puisque.
Autrement dit, le texte commence avec une condition «si» et une situation chronologique «à la suite de quoi». «Après tout ce qui a été dit», «après tout ce qui a été vécu pendant 40 ans», «après les promesses de Dieu d’hériter un pays», l’Eternel prévient des conditions à remplir pour posséder le pays.
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