Le chapitre 53 du Livre du prophète Esaïe peut être considéré comme l’un des chapitres les plus controversés de la Bible car il ouvre la voie à deux interprétations en apparence fondamentalement opposées : y parle-t-on du peuple d’Israël ou du Messie ?
 
Une chose que tous vont s’accorder à dire c’est que tout texte biblique révèle plusieurs interprétations possibles. Dans l’histoire biblique, jamais un événement n’y est décrit avec une interprétation unique. Presque toujours dans son histoire on peut y voir plusieurs interprétations, à savoir :  
 
– l’histoire du peuple au niveau historique et/ou archéologique
– le but des épreuves et des expériences vécues par le peuple hébreu (le  peuple racine) est de servir d’enseignement spirituel pour le peuple greffé
– derrière toute histoire réellement passée se cachent une ou plusieurs visions prophétiques du peuple dans un avenir messianique
– l’histoire de la relation du peuple avec son Dieu, avec l’une des faces cachée de Dieu Lui-même. Prenons comme exemple le personnage de Moïse. 
 
1. Historiquement, Moïse était celui qui a délivré Israël de 400 ans d’esclavage en Egypte. 
2. Aujourd’hui Moïse (qui est lu dans toutes les synagogues) représente l’identité juive, celui qui amène le peuple juif en terre promise. 
3. Avant cela, dirigé par le souffle de Dieu, Moïse est celui qui a préservé le judaïsme, c’est-à-dire l’identité même de l’âme juive à l’abri de l’assimilation par les nations en le conduisant dans le « désert » à l’abri des nations païennes. 
4. En tant que représentant de Dieu sur terre, Moïse (anagramme = Hashem) était un « médiateur » entre Dieu et Israël : il était « Dieu » aux yeux des païens « L’Eternel dit à Moïse: Vois, je te fais Dieu pour Pharaon: et Aaron, ton frère, sera ton prophète » (Exode 7:1)
 
Chacun des autres patriarches de la Bible pourrait servir d’exemple identique comme Abraham, Jacob, Joseph, Salomon, David, Esther ou Mardochée. 
 
Esaïe 53 ne fait pas exception à la règle. Plusieurs lectures du texte révèlent des trésors enfouis qu’il nous suffit de déterrer.
Esaïe 53 est un chapitre tellement controversé que certains enfants d’Israël en sont même arrivés à retrancher ce chapitre de leurs lectures synagoguales en disant que ce livre est destiné aux chrétiens. 
Si cette interprétation est farfelue, il n’en reste pas moins que le judaïsme donne son interprétation fort fermée avec un sens unique intouchable.
 
1 Qui a cru à ce qui nous était annoncé ? Qui a reconnu le bras de l’Eternel ?  2 Il s’est élevé devant lui comme une faible plante, Comme un rejeton qui sort d’une terre desséchée; Il n’avait ni beauté, ni éclat pour attirer nos regards, Et son aspect n’avait rien pour nous plaire.  3 Méprisé et abandonné des hommes, Homme de douleur et habitué à la souffrance, Semblable à celui dont on détourne le visage, Nous l’avons dédaigné, nous n’avons fait de lui aucun cas.  
4 Cependant, ce sont nos souffrances qu’il a portées, C’est de nos douleurs qu’il s’est chargé; Et nous l’avons considéré comme puni, Frappé de Dieu, et humilié.  5 Mais il était blessé pour nos péchés, Brisé pour nos iniquités; Le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui, Et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris.  
6 Nous étions tous errants comme des brebis, Chacun suivait sa propre voie; Et l’Eternel a fait retomber sur lui l’iniquité de nous tous.  7 Il a été maltraité et opprimé, Et il n’a point ouvert la bouche, Semblable à un agneau qu’on mène à la boucherie, A une brebis muette devant ceux qui la tondent; Il n’a point ouvert la bouche.  8 Il a été enlevé par l’angoisse et le châtiment; Et parmi ceux de sa génération, qui a cru Qu’il était retranché de la terre des vivants Et frappé pour les péchés de mon peuple ?  9 On a mis son sépulcre parmi les méchants, Son tombeau avec le riche, Quoiqu’il n’eût point commis de violence Et qu’il n’y eût point de fraude dans sa bouche.  
10 Il a plu à l’Eternel de le briser par la souffrance… Après avoir livré sa vie en sacrifice pour le péché, Il verra une postérité et prolongera ses jours; Et l’œuvre de l’Eternel prospérera entre ses mains.  11 A cause du travail de son âme, il rassasiera ses regards; Par sa connaissance mon serviteur juste justifiera beaucoup d’hommes, Et il se chargera de leurs iniquités.  
12 C’est pourquoi je lui donnerai sa part avec les grands; Il partagera le butin avec les puissants, parce qu’il s’est livré lui-même à la mort, Et qu’il a été mis au nombre des malfaiteurs, Parce qu’il a porté les péchés de beaucoup d’hommes, et qu’il a intercédé pour les coupables. 
 
Pour une partie du judaïsme, le serviteur souffrant est le peuple Hébreu, pour d’autres exégètes juifs il s’agit d’Esaïe et pour d’autres le prophète Jérémie. La Bible appelle Israël « le messie » et pour les Juifs ce serviteur souffrant ne peut-être qu’Israël.
Le Talmud et le Zohar déclarent par contre le contraire, en décrivant cette fois-ci le Mashia’h comme étant le serviteur souffrant :

למשיח מה שמו (…) רבנן אמרי חיוורא דבי רבי שמו שנאמר (ישעיהו
נג) אכן חליינו הוא נשא ומכאובינו סבלם ואנחנו חשבנוהו נגוע מוכה
אלהים ומעונה

« Quel est le nom du Messie? … Les Rabbins disent: son nom est le savant battu, comme il est écrit (Isaïe 53:5): Mais il a porté nos maladies, et il a chargé nos douleurs; et nous avons estimé qu’étant frappé, il était battu d’Elohim, et affligé (Talmud de Babylone Sanhédrin 98b) »

Pour nous qui croyons en Yeshoua HaMashiah, ce serviteur souffrant est le Messie, fils de l’homme dans sa première venue.

Cette dernière interprétation n’efface en rien le premier sens (celui du peuple Juif) comme l’a montré la seconde guerre mondiale et le drame symbole de tous les génocides (Auschwitz).

C’est ainsi : les textes Bibliques ont toujours plusieurs sens de réalisation et se réalisent selon tous ces sens, Yeshoua étant le centre de toute compréhension. 

Peut-on dire que c’est aussi clairement le peuple Juif, bouc émissaire de tous nos orgueils ? 
En lisant ce texte, nous voyons ces familles qui se dirigent, comme des moutons, vers l’abattoir des chambres à gaz. Les petits enfants sont dans les bras des mamans.  

Israël comme SYMBOLE des peuples persécutés. 
Mais Israël aussi, comme peuple ayant vécu une persécution tuant un tiers de ses membres, trois fois dans son histoire.  

Mais peut-on dire qu’Israël porte nos péchés comme peuple bouc-émissaire de Lévitique 16 ? 

Lévitique 16, 9 Aaron offrira le bouc sur lequel est tombé le sort « A Yahvé » et en fera un sacrifice pour le péché.
Lévitique 16, 10 Quant au bouc sur lequel est tombé le sort « A Azazel », on le placera vivant devant Yahvé pour faire sur lui le rite d’expiation, pour l’envoyer à Azazel dans le désert.
Lévitique 16, 15 Il immolera alors le bouc destiné au sacrifice pour le péché du peuple et il en portera le sang derrière le rideau. Il procédera avec ce sang comme avec celui du taureau, en faisant des aspersions sur le propitiatoire et devant celui-ci.

A chaque fois qu’un peuple entre dans la certitude d’être le meilleur au monde, il entre en rage et haine des Juifs. C’est systématique : 

L’Europe et l’extrême Droite sont orgueilleux en 1900 >>> Haine des Juifs déclarés coupables de tous ses malheurs.

L’Islam et l’extrême Gauche sont orgueilleux en 2000 >>> Haine des Juifs déclarés coupables de tous ses malheurs.

Et dans tous les cas, cela tue des Juifs. Puis vient le repentir : « Comment avons-nous pu faire cela ?  » 

C’est ainsi que les Juifs portent, à leur corps défendant, les péchés du monde orgueilleux.  

Les tombes des martyres Juifs au long de l’histoire, quand elles existent, sont souvent au milieu dfe celles de leurs bourreaux ! C’est le lot fréquent de tous les persécutés du monde, y compris dans l’Eglise

Quand est-ce qu’Israël s’est livré lui-même à la mort ?

En 1941 : Les Juifs venaient pacifiquement là où on les convoquait, de peur de fâcher leur futurs bourreaux. Isaïe 53, 7 comme l’agneau qui se laisse mener à l’abattoir, comme devant les tondeurs une brebis muette, il n’ouvrait pas la bouche.

D’où la décision actuelle de l’Etat d’Israël : « JAMAIS PLUS nous ne livrerons à d’autres que nous-mêmes notre sécurité ». 

C’est le propre du sens allégorique et c’est la lecture qu’en font les Rabbins d’Israël. Mais eux font l’inverse de nous : ils refusent d’appliquer ce texte au Christ.

Qui a raison ? 
 
Nous avons l’exemple de Yeshoua : il a été envoyé par Dieu vers le monde pour que le monde soit sauvé par Lui. 
Nous, ses disciples nous ne sommes pas non plus différents de notre Maître : ce qu’il a vécu nous le vivons, ce qu’il a souffert nous le souffrons et nous sommes nous aussi envoyés dans le monde … afin d’être haï…
 
En cela, le peuple hébreu est notre modèle : en tant que peuple témoin, il est un peuple qui suit (sans le connaître) son Maître Yeshoua et pour nous qui sommes greffés sur l’olivier franc c’est pareil. 
 
Ceci étant, une partie de Esaïe 53 concerne autant Israël que le Messie SAUF les versets 4-5 :
 
Isaïe 53, 4 Or ce sont nos souffrances qu’il portait et nos douleurs dont il était chargé. Et nous, nous le considérions comme puni, frappé par Dieu et humilié.
Isaïe 53, 5 Mais lui, il a été transpercé à cause de nos crimes, écrasé à cause de nos fautes. Le châtiment qui nous rend la paix est sur lui, et dans ses blessures nous trouvons la guérison.
 
En aucune façon, le peuple juif n’a porté les douleurs du monde. La seule chose qu’il a porté c’est l’opprobre d’être juif parce qu’il est bouc émissaire, étant ambassadeurs de Dieu comme nous le sommes de Christ. 
Yeshoua HaMashiah quant à Lui n’est pas mort et ressuscité parce qu’il était bouc émissaire : il a fait ce sacrifice volontairement et en âme et conscience. Il s’est livré. Personne ne lui a ôté la vie. Il a le pouvoir de donner la Vie et Il l’a donne à qui il veut et Il a le pouvoir de l’enlever car Il est Fils de Dieu, Vrai Dieu.
 
Le peuple juif est effectivement « transpercé » dans son âme, dans son esprit, dans sa conscience, dans son être tout entier par la persécution constante et permanente mais ce qui ne s’applique pas au peuple est le but de cette souffrance : « pour porter nos douleurs », « à cause de nos crimes », écrasé « à cause de nos fautes ». 
Jamais la souffrance du peuple juif n’a donné la paix et encore moins la guérison aux nations.
Isaïe 53, 1 Qui a cru ce que nous entendions dire, et le bras de Yahvé, à qui s’est-il révélé?
 
Oui on peut voir dans ce verset l’indifférence des nations « qui a cru ce qui nous était annoncé »… par le peuple hébreu. Mais par contre le peuple hébreu n’est pas le bras de l’Eternel. En fait dans la Bible hébraïque le peuple hébreu « AM » n’a jamais été le bras ou la main de l’Eternel. Cette « main » est toujours représentée dans toute la bible par la lettre IOD, car YAD signifie la Main de l’Eternel et signifie la Présence Divine du Tout Puissant.
Rien qu’avec cette compréhension préliminaire toute la suite en découle automatiquement et redirige la pensée du lecteur qui a la Foi vers le Messie.
 
Les passages suivants vont tous dans le même sens : 
 
Isaïe 53, 6b … et Yahvé a fait retomber sur lui nos fautes à tous.
Isaïe 53, 7 Maltraité, il s’humiliait, il n’ouvrait pas la bouche, comme l’agneau qui se laisse mener à l’abattoir, (allusion à l’agneau de Dieu de PESSAH = YESHOUA) comme devant les tondeurs une brebis muette, il n’ouvrait pas la bouche.
Isaïe 53, 8 Par contrainte et jugement il a été saisi. Parmi ses contemporains, qui s’est inquiété qu’il ait été retranché de la terre des vivants, qu’il ait été frappé pour le crime de son peuple?
 
Isaïe 53, 9 On lui a donné un sépulcre avec les impies et sa tombe est avec le riche, bien qu’il n’ait pas commis de violence et qu’il n’y ait pas eu de tromperie dans sa bouche.
 
Le peuple juif est connu pour être « jacob », « supplanteur » « trompeur », ce passage d’Esaïe 53:9 ne peut donc PAS s’appliquer au peuple.
 
Isaïe 53, 11 A la suite de l’épreuve endurée par son âme, il verra la lumière et sera comblé. Par sa connaissance, le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes en s’accablant lui-même de leurs fautes.
Isaïe 53, 12 C’est pourquoi il aura sa part parmi les multitudes, et avec les puissants il partagera le butin, parce qu’il s’est livré lui-même à la mort et qu’il a été compté parmi les criminels, alors qu’il portait le péché des multitudes et qu’il intercédait pour les criminels.
 
Jamais le peuple hébreu ne peut dire qu’il a reçu la « lumière » ni qu’il sera « comblé ». Jamais le peuple n’est appelé par Dieu LE JUSTE. Jamais le peuple d’Israël ne peut « justifier les multitudes en s’accablant lui-même de leurs fautes. Jamais Israël ne s’est livré à la mort de lui-même. 
 
Et par dessus tout : comble du comble : JAMAIS le peuple d’Israël n’a intercédé pour les nations coupables, pour les antisémites, pour les ennemis : Babylone, pour les égyptiens, pour les pervers de Sodome et Gomorhe, pour les romains qui ont crucifié Yeshoua et des millions de juifs messianiques après lui. 
 
Les seuls qui ont reçu le « pouvoir » de pardonner et d’intercéder ce sont les juifs messianiques à qui Yeshoua a dit de pardonner à leurs ennemis.
 

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