Il s’apelle Mosab Hassan Youssef. Age 33 ans. Nationalité: palestinienne. Caractères particuliers:Il est le fils de Sheihk Hassan Youssef, l’un des principaux fondateurs du Hamas. Mais est rentré en rébellion contre sa religion d’origine l’Islam, sa famille, son « pays », et alors que tout le destinait à devenir un soldat du Hamas, il a basculé un jour vers la chrétienté, et l’action clandestine d’agent double au profit du Shin Bet: Le service de renseignement intérieur israélien! Puis a été exfiltré aux Etats-Unis. L’été dernier, il est revenu pour la première fois à Jérusalem sous haute sécurité… Récit:
C’était en 1997. Mosab Hassan Youssef suivait alors les traces de son père. Jusqu’à ce qu’un jour dit-il il ait croisé un mendiant à Jérusalem, et qu’il ait donné quelques pièces. Alors raconte t-il, et son opinion n’engage que lui, il lui est soudainement apparu que l’Islam guerrier qu’on lui enseignait n’était pas sa religion, qu’elle n’était pas, selon lui, la religion du don, une religion de paix, d’amour, de tolérance, de reconnaissance de l’autre et de partage. » Ce n’est pas une religion de liberté » affirme t-il. Il l’a écrit dans un livre confessions et le dit et le redit calmement à chaque fois qu’il raconte son histoire, en souriant, sachant qu’il va heurter des consciences, mais sans aucune volonté assure-il de provoquer ou de blesser.
« Lorsque je me suis demandé pourquoi au fond je n’aimais pas l’Islam, c’est parce que l’islam n’aimait pas la musique » lance t-il en souriant comme par bravade!
De l’Islam à la chrétienté, du Hamas au Shin-Bet!
Mais ce chemin de renonciation à une religion, pour en embrasser un autre, que des milliers, des millions de gens peut-être ont fait à travers l’Histoire, est pour Mosab Hassan Youssef, une saga unique. Car le chemin qui le mène vers le Dieu des chrétiens (des milliers de palestiniens sont chrétiens) va aussi le conduire vers une action d’agent double se mettant au service du Shin Bet, pour éviter des attentats, et que le sang coule sans qu’aucune cause ne le justifie à son nom. Pendant des années, il va ainsi collaborer avec l’ennemi mortel de son père, de sa famille. Grâce à lui disent les services israéliens, des douzaines d’attentats ont été évités, et il a fait arrêter nombre d’hommes du Hamas, l’organisation à laquelle il appartenait… Sans remords ni regrets, toujours persuadé qu’il luttait contre une religion promouvant la violence. Et un mouvement n’offrant aucune perspective à son peuple.
De Ramallah aux Etats-Unis, de la clandestinité à la médiatisation, et retour l’été dernier à Jérusalem…
10 ans plus tard, sans avoir semé le moindre le soupçon dans les rangs du Hamas, il décide de franchir une autre étape: Il est exfiltré vers les Etats-Unis, où il obtient l’asile politique, et se convertit enfin à la religion chrétienne. Une histoire sans précédent qu’il a raconté dans un livre baptisé: « Son of Hamas », (le fils du Hamas), et traduit en 25 langues. L’été dernier, il est revenu pour la première fois en Israël. Une visite lui tenant particulièrement à choeur pour professer son credo, tenter de convaincre les nouvelles générations palestiniennes que l’Islam « guerrier » ne les conduirait nulle part et « qu’il faut lutter contre une religion qui veut contrôler tout de la vie des gens. Mais Nombre de musulmans ne connaissent pas vraiment les fondements de leur religion » affirme t-il. Aux coté de son ancien agent traitant du Shin-Bet… Aux questions qui lui ont été posées, ce très singulier missionnaire du troisième type, refuse de répondre en arabe! De lui, l’ex-agent traitant, Gonen Ben Itzhak dit que « Mossab Hassan Youssef a sauvé de nombreuses vies, et que même travaillant pour le Shin Bet, il s’est toujours opposé aux meurtres, aux tueries, aux massacres de quelque coté que ce soit« . Devant un auditoire médusé le transfuge révèle son nouveau projet: Faire un film sur le prophète Mahomet, basé sur un récit écrit par Ibn Ishaq, au VIII ème siècle musulman! Le casting est déjà fait. Le rôle principal sera joué par un acteur célèbre dont le nom reste pour l’heure secret. Un film qui sera produit par des musulmans assure t-il. Un autre film devrait être tiré de son autobiographie écrite en 2010, dont le titre en français est « le Prince vert » (le vert est la couleur du drapeau du Hamas).
Au regard de son action, qui ne connait pas de précédent, Mossab Hassan Youssef a été autorisé -fait exceptionnel- à rentrer en Israël sans passeport ni visa. Mais avec un impressionnant dispositif de sécurité autour de lui. L’homme se sait condamné à mort par le Hamas, et qu’il devra vivre sous la menace le restant de ces jours.
Quand on lui demande ce qu’il dirait à son père, qu’il ne reverra jamais s’il était en face de lui, il répond sans hésiter: « Abandonnes le Hamas. Tu as crée un monstre ».
Récit: Frédéric Helbert.