La havdalah est une cérémonie du soir du shabbat (samedi soir) et qui exprime la séparation entre le kodesh (saint) et le «hol» (ordinaire), c’est-à-dire le passage du shabbat aux jours normaux de la semaine. Toute la tradition montre qu’on allume une bougie tressée et qu’on l’éteint dans une soucoupe de vin, on sent les parfums odoriférants, on approche la main de la lumière pour indiquer que notre main s’éclaire en présence de la flamme. A plusieurs reprises l’Eternel invite son peuple à apprendre à discerner entre le saint et le profane et à ne pas faire de mélanges. C’est soit l’un, soit l’autre, pas les deux en même temps. Il n’est pas interdit de faire des choses « profanes » comme p.ex. regarder la télévision, aller au cinéma, jouer, se détendre, par contre Dieu proscrit absolument quand on mixe les deux.
Ce mot havdalah signifie l’action de faire la différence entre le shabbat et les jours de la semaine. Ce mot havdalah vient du verbe badal בָּדַל qui signifie se séparer, séparer, distinguer, distinction, choisir, se rendre, mettre à part, éloigné, exclu, diviser, couper, mettre à part, faire une différence, se séparer de, être séparé, être exclu, être mis à part.
Et il vient de la forme dite hifîl qui indique «faire une action», donc «séparer ou mettre à part» : לְהַבְדִּיל lehavdil Verbe hif’il : séparer, distinguer.
Mais on trouve aussi :
לְהִיבָּדֵל lehibbadel Verbe nif’al : être séparé, différencié
לְבַדֵּל levaddel Verbe piel isoler, séparer
הֶבְדֵּל hevddel Noun – hektel, masculin différence
Afin d’indiquer qu’il n’y a aucun rapport entre deux choses (entre le saint et le profane), on utilise le verbe «léhavdil» : léhavdil bein qodech lé ‘hol, séparer entre le saint et le profane.
En Genèse 1:6, Dieu sépare (mavdil) entre les eaux et les eaux, celles du haut et celles du bas. L’Eternel dit aussi qu’il nous a séparés des autres peuples: «hivdalti etkhem min haâmim» (Vayiqra 20,24).
Cette séparation est absolument indispensable car le profane, «Hol» est un terme utilisé de nos jours pour décrire un homme sans Dieu, quelqu’un dont le style de vie se base sur la laïcité et la vie déclarée ouvertement sans Dieu.
Le sens de la havdalah est qu’il y a un arrêt net entre le shabbat et ses pratiques d’une part, et le sens et les pratiques de la semaine d’autre part.
Il est tout aussi utile de rappeler que cette havdalah – séparation - est décrite clairement pour passer du profane au saint mais elle n’est pas décrite pour passer du saint au profane. La Bible ne laisse pas le choix : il n’y a qu’un seul sens : aller du profane vers le saint et non du saint vers le profane. La havdalah est une cérémonie qui «ouvre» le shabbat avec des bénédictions rituelles et l’allumage des bougies le vendredi soir.
La cérémonie rabbinique de fermeture du shabbat le samedi soir n’est donc pas forcément biblique. Elle va à l’encontre du principe d’aller du profane vers le saint. Le sens d’aller du saint vers le profane équivaudrait à célébrer par un «acte rituel»: un «retour vers le péché». Ce qui est contraire au caractère prophétique des rituels juifs. Les rites mosaïques sont pour la plupart destinés à nous amener vers le Messie Yeshoua.
Pour nous qui sommes sauvés par le sang de Yeshoua, c’est Shabbat tous les jours. Même si c’était logique, il n’y a pourtant pas de raison de célébrer prophétiquement le retour vers la normalité hebdomadaire, vers le «profane».
Alors ?
Faut-il ou ne faut-il pas «célébrer» la havdallah de fermeture du shabbat ?
Dieu a permis que le peuple juif soit un peuple témoin qui fait des choses étonnantes.
Ne pas être trop religieux : Une de ces choses est de ne pas se prendre au sérieux ni de prendre les choses au premier degré. Qu’est-ce que cela laisse entendre ? La séparation du profane vers le saint, illustre notre état de pécheur repenti. Nous sommes des pécheurs rachetés par grâce, nous ne sommes pas saints mais nous devons tendre vers la sainteté. Le Qohelet nous cite un passage qui veut nous faire redescendre de notre cheval sur cette question :
«Ne sois pas juste à l’excès, et ne te montre pas trop sage : pourquoi te détruirais-tu?» (Ecclésiaste 7:16)
Attention à l’esprit d’Esaü
Sur un plan strictement rituel et religieux les brachot sur la fin du shabbat doivent nous faire réaliser que :
- ce n’est pas parce que nous nous arrêtons dans notre semaine de travail le vendredi soir qu’il faut se lâcher le samedi soir pour jubiler du début de la semaine profane.
- c’est Dieu qui a établi le shabbat qui est un rendez-vous. Ce n’est pas parce que le rendez-vous se termine au soir du samedi qu’il faut se donner toutes les libertés non permises le samedi.
– le Shabbat c’est un état d’esprit