Y a-t-il une différence, dans la pensée biblique, entre « faire la vaisselle » et « travailler dans un bureau pour un patron » ?
Quel type d’arrêt de travail pour le shabbat ?
Question intéressante puisque cette question fait encore débat aujourd’hui dans certains milieux. Plusieurs mots existent pour une même traduction. Ici l’exemple est frappant. En hébreu deux mots traduisent l’activité, le travail. On a d’abord le mot «avodah» עֲבוֹדָה et on a aussi le mot «melakhah» מְלָאכָה
«3 On travaillera six jours; mais le septième jour est le shabbat shabbaton : il y aura une sainte convocation. Vous ne ferez aucun ouvrage : c’est le shabbat de l’Eternel, dans toutes vos demeures.»
Suivant certains textes, comme on vient de le parcourir, l’ouvrage qu’il faut arrêter à shabbat, ce n’est pas «avodah», c’est-à-dire le travail physique, l’effort pénible, comme l’esclavage en Egypte, mais c’est melakhah מְלָאכָה (strong 4399) c’est-à-dire le travail rémunéré pour un patron, un employeur qui vous rétribue, votre « fonction » d’ouvrier ou votre « fonction » d’employé ou votre « fonction » de directeur ou de président d’entreprise. Le lien avec les anges nous éclaire directement sur le problème.
ג שֵׁשֶׁת יָמִים, תֵּעָשֶׂה מְלָאכָה, וּבַיּוֹם הַשְּׁבִיעִי שַׁבַּת שַׁבָּתוֹן מִקְרָא-קֹדֶשׁ
sheshet yamiym teaseh melakhah, ouvayom hasheviyiy shabbat shabbaton miqra qodesh
six jours on fera son service, et au 7ème jour on convoquera un shabbat shabbaton saint
כָּל-מְלָאכָה לֹא תַעֲשׂוּ: שַׁבָּת הִוא לַיהוָה, בְּכֹל מוֹשְׁבֹתֵיכֶם
kol-melakhah lo taaseou: shabbat hiou la Adonaï be kol moshvotekhem
tout ouvrage vous ne ferez pas: c’est le shabbat de l’Eternel dans toutes vos demeures
On trouve ce même mot dans Exode 31:14
«Vous observerez le shabbat, car il sera pour vous une chose sainte. Celui qui le profanera, sera puni de mort; celui qui fera quelque ouvrage (melakhah מְלָאכָה) ce jour-là, sera retranché du milieu de son peuple.» (Exode 31:14)
Melakhah est un nom féminin œuvre, ouvrage, travail, le bien, objet, fonction, service, office, affaires, troupeau, s’occuper, être occupé, faire usage, ouvrier, intendant, fonctionnaire ; (167 occurences).
Melakhah vient de la même racine que les anges, à savoir ceux qui ont pour fonction l’ambassadeur, une fonction «publique», une fonction officielle.
Cette racine (strong 4397) mal’akh מַלְאָךְ vient d’une racine du sens d’envoyer comme délégué; n m ce mot signifie ange, anges, messager, envoyé, gens).
Les anges (qu’on devrait plutôt nommer « messagers ») travaillent sous l’autorité et au nom d’un supérieur: melakhah fait donc référence à un travail dépendant d’un patron.
Il s’agit donc bien ici d’arrêter ses occupations hebdomadaires, son travail, ses affaires.
Cela signifie qu’il ne faut pas gérer sa propriété, il ne faut pas réaliser un ouvrage, non plus celui d’ouvrier, de fonctionnaire, de service, de fonction dans des affaires publiques, politiques ou religieuses.
On ne trouve donc nul part ici dans l’interdiction de travailler, le fait de ne plus rouler en voiture, de ne plus allumer du feu, de ne plus emprunter un ascenseur, de ne plus faire la vaisselle, de travailler dans la maison pour y mettre de l’ordre, de travailler dans d’autres fonctions que celles attribuées à la semaine profane.
Le travail qui est concerné par le shabbat n’est pas le travail familial : il ne doit donc pas s’arrêter mis à part dans les affaires religieuses publiques.