15 Bo בֹּא (Viens)
Résumé
C’est une réelle et très profonde histoire d’amour qui est révélée dans ces dernières plaies envoyées par Dieu pour convaincre Pharaon. Dans cette parasha BO, Dieu dit à Moïse de déclencher les trois dernières plaies, à savoir les sauterelles, les ténèbres et la mort des premiers-nés. L’Eternel prescrit aux enfants d’Israël de compter ce mois, le mois de l’Aviv, qui fut appelé après le retour de la captivité de Babylone Nissan, comme premier mois, ainsi que le sacrifice pascal, dont ils marqueront de son sang les linteaux de leurs portes afin que Dieu les épargne, et la consommation des matzot (pains azymes) pendant une semaine.
Il faudra noter que ce changement de «aviv» en «nissan» deviendra une nouveauté pour les hébreux en ce sens que Dieu va modifier le calendrier existant en calendrier lunaire. C’est ici que l’Eternel va instaurer le nouveau calendrier juif dont le premier mois sera celui de Nissan. Après la mort des premiers-nés au milieu de la nuit, Pharaon décrète l’expulsion des Hébreux, lesquels empruntent aux autochtones leurs richesses. Les enfants d’Israël quittent l’Égypte en pleine journée, au vu et su de tous. Dieu ordonne de Lui consacrer les premiers-nés de leurs enfants mâles et de leur bétail.
Exode 10:1-29
L’endurcissement de Pharaon vient de Dieu
«1 L’Éternel dit à Moïse : Va vers Pharaon, car j’ai endurci son cœur et le cœur de ses serviteurs, pour faire éclater mes signes au milieu d’eux. 2 C’est aussi pour que tu racontes à ton fils et au fils de ton fils comment j’ai traité les Égyptiens, et quels signes j’ai fait éclater au milieu d’eux. Et vous saurez que je suis l’Eternel.
Extraordinaire révélation, cet endurcissement du cœur de Pharaon par Dieu restera encore jusqu’à la fin des temps, une énigme que Seul Dieu révélera lorsque nous serons dans sa Présence. Mais déjà à l’aide de l’hébreu biblique, nous avons ce bonheur de découvrir quelques petites bribes d’un trésor inimaginable dans lequel nous allons comprendre quelques unes des facettes divines. La première facette de cette parasha c’est la «Gloire».
«1 L’Eternel dit à Moïse : Va vers Pharaon, car j’ai endurci son cœur et le cœur de ses serviteurs, pour faire éclater mes signes au milieu d’eux. 2 C’est aussi pour que tu racontes à ton fils et au fils de ton fils comment j’ai traité les Égyptiens, et quels signes j’ai fait éclater au milieu d’eux. Et vous saurez que je suis l’Éternel.»
א וַיֹּאמֶר יְהוָה אֶל-מֹשֶׁה, בֹּא אֶל-פַּרְעֹה: כִּי-אֲנִי הִכְבַּדְתִּי אֶת-לִבּוֹ
«Vayomer Adonaï el Mosheh, bo el Paroh : Ki aniy hikhbadettiy et libbo»
«Et parla Adonaï à Moïse, viens vers Pharaon, car moi je vais glorifier son cœur »
וְאֶת-לֵב עֲבָדָיו, לְמַעַן שִׁתִי אֹתֹתַי אֵלֶּה, בְּקִרְבּוֹ
«ve-et lev avadaiv, lemaan shitiy ototay eleh beqirbbo»
«et le cœur de ses serviteurs afin de faire éclater mes miracles dans leur sein»
Lorsque Dieu «endurcit» le cœur de Pharaon et le cœur de ses serviteurs, il fait une chose inimaginable à nos yeux. Nous aurions pu penser un instant que Dieu va «briser» le cœur de Pharaon, «l’humilier», le faire hurler de désespoir, augmenter sa fureur, le rendre beaucoup plus colérique ou plus simplement rendre son cœur dur comme un diamant, mais ce n’est pas du tout ce que l’Eternel a fait !
L’Eternel aurait très bien pu commencer les jugements des plaies par la mort du fils aîné du Pharaon pour faire plier le genou de Pharaon qui, brisé de douleur devant le Dieu Vivant comme nous aurions tous fait, aurait tout de suite compris Qui est l’Eternel.
Non, que va faire Dieu ? Apparemment le premier but de Dieu n’est pas du tout d’être reconnu comme Dieu. Si l’Eternel avait réellement voulu être reconnu comme tel aux yeux de Pharaon, il aurait brisé son cœur.
Dieu, au contraire «augmente la gloire» du cœur de Pharaon. Au départ, il ne s’agit évidemment pas de «glorifier» le cœur de Pharaon ou de «l’honorer» ou de lui faire du bien, au sens strict ou de lui «rendre des honneurs» mais plutôt de rendre son cœur «suffisant», «énorme», considéré, chargé de gloire». Dieu va faire en sorte que Pharaon soit convaincu qu’il est dans le bon. Dieu piège Pharaon !
Nous connaissons une histoire similaire dans les évangiles lorsque les pharisiens demandent la preuve à Yeshoua qu’il est Fils de Dieu. Au lieu de leur répondre «mais je vous l’ai dit plusieurs fois que je suis bien le Fils de Dieu», non il répond selon les écritures « ils seront tous appelés fils de Dieu ceux qui procurent la paix».
La gloire
Lorsque Abraham se développait en termes de propriétés, de terres, de serviteurs et de bétail on disait que Abraham était «lourd», c’est-à-dire «glorieux» (kavod).
Exemples de textes nous parlent de KAVOD :
Genèse 13 : 2 «Abram était très riche (Kabad) en troupeaux, en argent et en or.»
Genèse 18 : 20 «Et l’Eternel dit : Le cri contre Sodome et Gomorrhe s’est accru, et leur péché est énorme (Kabad).»
Genèse 34 : 19 «Le jeune homme ne tarda pas à faire la chose, car il aimait la fille de Jacob. Il était considéré (Kabad) de tous dans la maison de son père.»
Genèse 48 : 10 «Les yeux d’Israël étaient appesantis (Kabad) par la vieillesse; il ne pouvait plus voir. Joseph les fit approcher de lui; et Israël leur donna un baiser, et les embrassa.»
En français, nous avons une expression lorsque nous sommes tristes d’avoir perdu quelqu’un, lorsque nous avons le cœur brisé : nous disons alors que nous avons le «cœur lourd», le cœur «gros». En réalité, c’est une erreur de parler ainsi. Le «cœur lourd» c’est exactement le contraire d’un cœur brisé qui pleure et qui est triste. Le mot «lourd» et le mot «gloire» ce sont le même mot en hébreu.
3513 kabad ou kabed כָּבַד ou כָּבֵד -(prononcer kavad, kaved) riche, énorme, considéré, être appesanti, charger, endurcir, faire éclater la gloire, honorer, être glorifié, glorieux, traiter avec honneurs, hommages, … ; (116 occurences). Quelqu’un qui est glorieux va : être lourd, pesant, douloureux, dur, riche, honorable, glorieux, onéreux, honoré.
Et comme c’est Dieu qui va rendre son cœur ainsi, c’est au mode «Hiphil» rendre lourd, pesant, rendre dur, endurcir, honorer, fortifier, augmenter, se glorifier.
Ici il faut faire une distinction entre le cœur d’un «insensé» et le cœur «régénéré» car il faut se rendre à l’évidence, la gloire ne sied pas à l’homme insensé car son cœur n’est pas fait pour supporter ce poids.
« Comme la neige en été, et la pluie pendant la moisson, ainsi la gloire ne convient pas à un insensé. » (Proverbes 26:1)
C’est comme si on mettait sur les épaules d’un homme charnel une charge de 20 tonnes. Le cœur humain a été fabriqué de sorte qu’il puisse supporter de toutes petites charges. Si vous mettez sur le cœur humain charnel et orgueilleux de l’homme des lourdes charges, alors ce cœur ne va pas pouvoir supporter le poids, il va s’enfler d’orgueil.
Nous avons déjà pu nous rendre compte au cours de notre vie messianique (chrétienne) que pour plaire à Dieu, il faut un cœur brisé et contrit.
«Les sacrifices qui sont agréables à Dieu, c’est un esprit brisé : O Dieu ! tu ne dédaignes pas un cœur brisé et contrit.» (Psaumes 51:19)
«Il guérit ceux qui ont le cœur brisé, et il panse leurs blessures.» (Psaumes 147:3)
«L’Éternel est près de ceux qui ont le cœur brisé, et il sauve ceux qui ont l’esprit dans l’abattement.» (Psaumes 34:19)
«L’Esprit du Seigneur, l’Éternel, est sur moi, car l’Éternel m’a oint pour porter de bonnes nouvelles aux malheureux; Il m’a envoyé pour guérir ceux qui ont le cœur brisé, pour proclamer aux captifs la liberté, et aux prisonniers la délivrance» (Esaïe 61:1)
Si vous voulez être ennemi de Dieu, alors vous allez tout faire pour que votre cœur ne soit ni humilié, ni brisé, ni malheureux mais vous allez rechercher au contraire à avoir un cœur fier, orgueilleux.
Pourquoi Dieu endurcit-il le Pharaon ?
C’est là un sujet bien délicat lorsqu’on sait que c’est Dieu lui-même qui endurcit le cœur de Pharaon. Il nous est difficile d’accepter une telle éventualité, même s’il s’agit du Pharaon d’Egypte qui a résisté trop longtemps à Dieu et qui n’a pas profité des multiples occasions données par Dieu.
Quoi que nous puissions en penser, le livre de Shemot (l’Exode) était déjà «écrit» de toute éternité, avant même que le monde ne soit créé. En imaginant que Pharaon se serait humilié comme plusieurs rois l’ont d’ailleurs fait en reconnaissant la majesté de Dieu, alors le livre de Shemot aurait été écrit différemment, il n’y aurait probablement jamais eu d’exode d’Egypte, ni de Pessah, ni de Shavouot, ni de veau d’or avec toutes les conséquences.
S’il y a eu Pessah, avec le sang versé de l’agneau pur et sans tache pour l’expiation, c’est parce qu’il y a eu d’abord l’esclavage, la servitude pendant 400 ans.
Nous comprenons ces choses dans les limites que Dieu a bien voulu nous montrer et pas au delà.
Pour notre part, croyons simplement que Dieu est Souverain autant sur Pharaon que sur Satan et les démons et sur toute la création, qu’elle soit rebelle ou qu’elle lui soit soumise.
«A toi, Éternel, la grandeur, la force et la magnificence, l’éternité et la gloire, car tout ce qui est au ciel et sur la terre t’appartient ; à toi, Éternel, le règne, car tu t’élèves souverainement au-dessus de tout !» (1 Chroniques 29:11)
Nous avons déjà pu nous apercevoir que l’Eternel met dans ses enfants, le vouloir et le faire selon son bon plaisir.
Pour notre part, pourtant si nous avons cru, c’est bien parce que c’est Dieu qui nous a fait le don de la foi. La foi ne vient pas de l’homme. Sans ce cadeau, nous avions beau croire à l’évidence de Dieu comme d’ailleurs tout le monde se doute de l’existence de Dieu mais cela ne nous était d’aucun secours sans le don de la foi de croire que Yeshoua est le Messie.
«14 Que dirons-nous donc ? Y a-t-il en Dieu de l’injustice ? Loin de là ! 15 Car il dit à Moïse : Je ferai miséricorde à qui je fais miséricorde, et j’aurai compassion de qui j’ai compassion. 16 Ainsi donc, cela ne dépend ni de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde. 17 Car l’Ecriture dit à Pharaon : Je t’ai suscité à dessein pour montrer en toi ma puissance, et afin que mon nom soit publié par toute la terre. 18 Ainsi, il fait miséricorde à qui il veut, et il endurcit qui il veut.
19 Tu me diras : Pourquoi blâme-t-il encore ? Car qui est-ce qui résiste à sa volonté ? 20 O homme, toi plutôt, qui es-tu pour contester avec Dieu ? Le vase d’argile dira-t-il à celui qui l’a formé : Pourquoi m’as-tu fait ainsi ? 21 Le potier n’est-il pas maître de l’argile, pour faire avec la même masse un vase d’honneur et un vase d’un usage vil ? 22 Et que dire, si Dieu, voulant montrer sa colère et faire connaître sa puissance, a supporté avec une grande patience des vases de colère formés pour la perdition, 23 et s’il a voulu faire connaître la richesse de sa gloire envers des vases de miséricorde qu’il a d’avance préparés pour la gloire ?» (Romains 8:14-23)